Matinale avec le Groupement départemental
de la gendarmerie de l’Essonne
Lardy, le vendredi 26 octobre 2012, salle René Cassin
1 – Accueil par madame Claude Roch, maire. Merci de votre présence.
2 – Accueil par monsieur Laurent Béteille, maire de Brunoy et Président de l’UME. Merci à la gendarmerie de l’Essonne pour son aide vis-à-vis de nos problèmes de sécurité.
3 – Intervention du lieutenant-colonel Loïc Baras, officier de gendarmerie mis à la disposition de l’Association des Maires de France depuis 18 mois, en tant que chargé de mission pour la prévention de la délinquance. Heureux de cette invitation dans l’Essonne pour mesurer à Paris ce qui se passe sur le terrain. Approuve cette volonté de rapprocher la gendarmerie des maires du département, travaille à la formation et à l’information des futurs officiers commandants de brigade. Parmi les enjeux : l’attractivité des territoires, la contribution au bien-être des populations, sa fidélisation et son installation durable, la cohésion sociale grâce au travail de la gendarmerie qui recouvre le champ du social et, autre enjeu, l’égalité devant le service public, car chacun a droit au même niveau de sécurité.
La relation maires/gendarmerie est à maintenir et à consolider, du fait des changements de personnels, mutations et promotions pour les uns, élections pour les autres. Échanges fructueux = climat de confiance. Diagnostic partagé = élaboration de solutions innovantes avec l’appui, la solidarité et le sens civique des citoyens.
4 – Colonel Sylvain Duret, commandant du Groupement de gendarmerie départemental de l’Essonne. La zone gendarmerie couvre 77 % de la surface du territoire de l’Essonne avec 146 communes sur 196. Avec 2 200 fonctionnaires, la police assure la sécurité de 870 000 personnes. La gendarmerie assure la sécurité de 350 000 habitants avec 708 gendarmes d’active, 235 réservistes opérationnels et 113 agents de forces de police municipales répartis en 37 forces communales. En plus, il faut tenir compte de la vidéo-protection. 20 communes sont équipées, 19 projets sont en cours et 15 sont à l’étude. Ce nombre risque de baisser du fait que les crédits pour subventionner les réalisations vont être divisés par 5, selon le ministre de la Ville. La vidéo-protection apporte un effet dissuasif et les images enregistrées servent à résoudre les enquêtes. Au titre de la participation citoyenne, une première convention vient d’être signée avec deux communes : Breuillet et Saint-Yon.
Si la délinquance diminue en chiffres globaux (taux de criminalité), la gendarmerie observe une recrudescence des cambriolages. La participation citoyenne est l’un des principaux buts de cette réunion, de façon à développer la prévention et la résolution des enquêtes. Sur ce type de délinquance, une enquête demande 3 à 4 heures de travail. S’il y a 10 cambriolages par jour les équipes de gendarmes ne suffisent pas à la tâche et donc la participation de la population est requise. Pourtant, au COG d’Évry (Centre opérationnel de la gendarmerie), le nombre des appels a diminué d’une année sur l’autre. Il y a trop d’indifférence passive. En moyenne, 20 % des cambriolages sont élucidés, avec 2 à 3 % de flagrants délits. Le but est de doubler ce taux. Participation citoyenne = veille active. Ne pas hésiter à composer le 17, en cas de doute sur des agissements suspects, c’est gratuit et opérationnel jour et nuit, pour alerter les équipes qui patrouillent en permanence.
5 – Le lieutenant-colonel Laurent Maurice intervient sur le premier point de l’ordre du jour : les atteintes aux biens. Il fait référence à quatre mots-clefs : Protéger – Sensibiliser – Signaler – Partager.
Il passe la parole au major Renoncourt, en tant que Référent Sureté. Celui-ci agit en Essonne depuis 1994 et a passé dix ans en brigade. Il est Référent Sureté depuis 2008. Son rôle est de conseiller les communes au titre de la prévention technique de la malveillance et en vidéo-protection. Pour assurer la protection, il convient d’anticiper et de compliquer le passage à l’acte chez les délinquants, en réduisant la vulnérabilité et en augmentant la protection. Cela passe par l’analyse des sites, l’établissement d’un bilan de situation, la désignation des failles et des moyens de protection sur les bâtiments, les entreprises, les commerces.
Retarder le passage à l’acte peut permettre l’identification des délinquants. Le Référent Sureté existe aussi dans la police. Les interventions sont gratuites, à la différence des entreprises de service spécialisées. L’action du Référent Sureté commence par l’animation de réunions publiques, ensuite par le diagnostic sur des habitations, des entreprises, des commerces. L’opération Tranquillité Vacances fait partie de ses responsabilités. Les Études de Sécurité Publique peuvent déboucher sur des chantiers de vidéo-protection urbaine. Le Référent Sureté accompagne la municipalité de A à Z, y compris pour le dossier de demande de subvention. Exemple de la commune d’Angerville. Le Référent Sureté de l’Essonne est disponible avec des adjoints réservistes. Il conclut son intervention en recommandant à l’auditoire de ne pas hésiter à demander une intervention diagnostic.
6 -Madame Frédérique Bazzoni. Elle est chargée de la protection des églises, des objets d’art et des archives. Elle rappelle qu’un inventaire (recollement) est en cours dans les églises qui représentent un point faible dans les communes. Actuellement, 80 à 90 communes ont été recensées sur les 196 du département de l’Essonne. Elle met l’accent sur la conservation physique des archives des municipalités. Ce sont des documents du domaine public et qui doivent de ce fait être conservés en bon état et protégés. Ces travaux sont subventionnés par le conseil général, mais il reste un coût pour la commune qui se doit d’avoir une politique d’ensemble de protection de son patrimoine mobilier.
7 – Le lieutenant-colonel Laurent Maurice fait lecture d’une série de tentatives de cambriolage qui se sont soldées par des flagrants délits, du fait du signalement des activités suspectes par le voisinage. Il souligne ainsi l’intérêt des appels sur le 17. De tels signalements valorisent le travail des dispositifs qui patrouillent sur le terrain, car ils permettent d’augmenter la réactivité opérationnelle, de jour comme de nuit.
8 – Le chef d’escadron Samuel Joguet, commandant la compagnie de gendarmerie d’Étampes, témoigne de la recrudescence des cambriolages dans son territoire, malgré la mise hors d’état de nuire d’une bande à Étampes. Il affirme que pour parvenir à des résultats, il faut disposer de trois leviers : d’abord les dispositifs sur le terrain, les « patrouilles en bleu », le travail de la police judiciaire qui permet d’arrêter et de confondre les délinquants, les mettre en échec et les neutraliser et, enfin, les alertes en provenance de la participation citoyenne avec les appels sur le 17. La convention signée avec la commune permet de regagner de la proximité avec la population à protéger, en formalisant les échanges d’informations utiles. C’est un processus en quatre étapes. D’abord favoriser la circulation de l’information avec l’alerte sur le 17 en cas d’urgence, puis établir des relations à moyen terme, plus régulières entre le commandant de brigade, le maire de la commune et son responsable sécurité. On peut imaginer par exemple des réunions mensuelles avec le Référent Sureté. En second lieu, l’engagement des élus, notamment le maire, en vertu de ses prérogatives de police, destiné à obtenir l’adhésion de la population à partir d’un certain volontariat, à la suite de l’organisation de réunions publiques pour échanger avec les gendarmes.
Enfin, encadrer le dispositif, ce qui est le but de la convention. Un document d’une page et demie est destiné à formaliser le dialogue, à créer une ambiance de coopération, ce qui va réduire la frustration des gendarmes qui font un travail souvent pas assez apprécié par la population. Le partage des résultats sera le moyen de montrer que les indices signalés ont été utiles pour obtenir des résultats et augmenter le taux d’élucidation.
9 – Témoignage du maire d’Angerville sur l’utilité des réunions mensuelles de la gendarmerie au profit des associations de quartiers avec la projection d’un film. La désignation de voisins vigilants volontaires, quartier par quartier, se produit à la suite des réunions publiques. Il parle ensuite de l’aide à la mise en place de la vidéo-protection sur certains points sensibles, comme le centre sportif.
10 – Lieutenant-colonel Pierre-Henri Crémieux, commandant la compagnie de gendarmerie de Palaiseau depuis le 01/08/2010. Une première expérience dans le département de l’Essonne s’appelait le Réseau des habitants-relais. Il a montré sa pertinence du fait de l’importance de la commune de Gif sur Yvette qui avec 20 000 habitants a nécessité l’installation de deux brigades de gendarmerie, plus une unité de police municipale forte de 9 agents.
C’est un appui efficace et apprécié. Une charte simple et synthétique en a pris le relais dans le cadre du CLSPD pour l’éducation et la sensibilisation des citoyens, des associations, des chefs d’entreprise, des commerçants et artisans, etc. Car mieux vaut privilégier l’efficacité opérationnelle plutôt que le formalisme qui, s’il donne de la solennité à la démarche, ne débouche sur rien de concret, faute de motivation chez les acteurs.
La démarche consiste en des réunions calendaires et thématiques dans le cadre du CLSPD, des démarches directes de gendarme à habitant-relais. En cas d’indice ou de passage à l’acte, en situation d’urgence : appel sur le 17. Dans le cas d’une situation initiale inhabituelle qui peut entraîner de la délinquance ou des délits, l’intéressé peut porter les faits à la connaissance de son gendarme référent, dont il possède les coordonnées personnelles. Par exemple, la défaillance de l’éclairage public dans son quartier, des rassemblements de jeunes gens désœuvrés, des dégradations conjuguées avec la consommation d’alcool, des nuisances…
Cette participation citoyenne permet de soulager le travail des gendarmes qui, partant en patrouille, sont trop souvent sollicités par des demandes d’intervention. Ils traversent rapidement le territoire au lieu d’être présents pour échanger, au contact avec les habitants. Dans cette participation citoyenne, l’information gendarmerie/population doit circuler dans les deux sens, Il faut cibler le citoyen-référent qui offre l’avantage de voir beaucoup de monde. Ce sera peut-être un président d’association ou le commerçant que tout le monde rencontre, pour diffuser de l’information qui sera ultérieurement répandue dans la population. En conclusion, ces dispositions permettent d’envisager un fonctionnement qui soit plus proactif que réactif et l’anticipation nous permettra d’intervenir moins souvent.
11 – Le maire de Bondoufle. Dans ces questions de sécurité, nous avons tous à progresser. À propos de la participation citoyenne, nous avons, certes, des difficultés pour trouver et mettre en place des personnes-relais. Mais il y a l’accueil lorsque ces habitants relais téléphonent au 17 ou à la brigade, ils s’entendent dire « allez voir la mairie » et la mairie « allez voir la police municipale », ou « ce n’est pas notre rôle, allez voir d’autres… » et pourtant cet accueil est essentiel pour motiver cette participation citoyenne dont nous avons besoin.
Réponse : c’est possible en effet qu’il y ait des défaillances, mais tous les appels sont enregistrés et en cas de manquement, je peux me faire communiquer la bande et prendre les mesures appropriées. Cependant, nous prenons bonne note de ce point, de façon que l’information fonctionne bien dans les deux sens.
12 – Le Centre de prévention de Gif sur Yvette. Nous profitons de ces réunions publiques pour proposer des visites aux habitants-relais dans différentes institutions de police ou de justice, comme la Maison d’arrêt de Fresnes ou au Tribunal Correctionnel. C’est un intérêt complémentaire pour les habitants-relais afin de les aider à s’ouvrir à la vie citoyenne.
13 – XXX. Il me semble que vous avez oublié quelque chose car, en ce qui nous concerne, ce ne sont pas tellement les vols. Certes, le jeu des gendarmes et des voleurs est toujours d’actualité, mais pour nous, le vrai problème, c’est la tranquillité des gens. Il y a les 4×4 et autres engins qui font un bruit énorme, il y a les jeunes qui se regroupent dans les halls et qui font du bruit. D’autre part, il y a le 17, c’est bien, mais quand les gens interviennent à la brigade de gendarmerie, ils peuvent encourir des représailles, comme de voir crever les pneus de leur voiture et cela risque de les dissuader.
Réponse du lieutenant-colonel Pierre Henri Crémieux. À propos du bruit, nous sommes intervenus cette semaine et avons saisi trois véhicules dans votre quartier. À Gif, nous avons sensibilisé les habitants à un concept, non plus seulement de cambriolage, mais à celui de la préservation de la sécurité et de la tranquillité des populations. Entre les habitants-relais et les gendarmes référents, nous avons mis l’accent sur la volonté d’améliorer la qualité de vie et la lutte contre la délinquance. C’est un des aspects de cette qualité de vie. La coopération avec la gendarmerie devient alors un lien à la qualité de vie de l’ensemble des citoyens et non pas le fait de dénoncer l’auteur de délit.
Le risque de représailles est faible du fait que l’appel au 17 est anonyme et qu’en cas de flagrant délit, point n’est besoin d’apporter de témoignage, car les éléments de preuve sont suffisants.
De plus en ce qui concerne les faits criminels, il est possible de protéger les témoins avec le témoignage anonyme. Tout cela, il faut l’expliquer et cela justifie les réunions publiques et de la pédagogie. Dans les cités, les désagréments viennent de l’économie souterraine, des trafics de stupéfiants, auquel nous venons de mettre un terme, momentanément, car nous avons eu la possibilité de nous poster « en planque » dans certains appartements ou y placer une caméra. Sachant que les représailles sont possibles, nous prenons toutes sortes de précautions. Tout cela fait partie de l’enjeu qualité de vie.
14 – Bernard Labauge, Correspondant défense, Réserviste citoyen-Groupe R L J C (Réserviste Local à la Jeunesse et à la Citoyenneté), conseiller municipal représentant le maire de Baulne.
Quels sont les progrès à faire ? Certes, la gendarmerie intervient déjà dans les écoles au titre de la sécurité routière et sensibilise la jeunesse aux risques de la consommation et du trafic des stupéfiants. Vous savez que chaque commune doit avoir nommé, au conseil municipal, un Correspondant défense. Mais cet immense réseau fonctionne de façon très inégale. Dans les grandes villes, il existe beaucoup d’autres moyens. Souvent, dans les petites communes, le maire n’a pas trouvé de volontaires et exerce lui-même la fonction. Autrement dit, il n’assume pas réellement la mission du Correspondant défense pour sensibiliser la jeunesse avec le « parcours citoyen » : recensement en mairie des jeunes de 16 ans pour convocation à la JDC, interventions dans les établissements d’enseignement au titre du lien armées-nation, du rôle des forces armées, développement de l’esprit de Défense, du civisme, etc.
Par conséquent, donner plus de poids aux Correspondants défense, sera un premier progrès.
Autre point, les correspondants défense et des bénévoles du service public peuvent demander, comme c’est mon cas, leur agrément dans la Réserve citoyenne et devenir des Réservistes Locaux à la Jeunesse et à la Citoyenneté. Les R L J C sont chargés de promouvoir le Plan Égalité des Chances du ministère de la défense (PEC-MINDEF). Ils participent, à ce titre, à la cohésion sociale en aidant la jeunesse à s’insérer dans la vie active. De plus, en tant que Parrain dans une Mission locale, comme je le fais depuis six ans à Évry, ces bénévoles peuvent aider la jeunesse à s’insérer dans la vie professionnelle.
Un autre progrès sera de recruter des R L J C, car, nous ne sommes actuellement que quatre dans l’Essonne. J’habite à Baulne, deux autres à Étampes et un à Chalo Saint-Mars !
Dernier point, enfin, lutter fermement contre l’économie souterraine et les activités criminelles dont les gains faciles découragent le goût de l’effort dans une jeunesse à laquelle il faut montrer, au contraire, le bon exemple des activités honnêtes et sérieuses.
15 -La commandante Poupot, commandant la Compagnie d’Évry et le lieutenant Dalloux, chef de la brigade de Mennecy. Avant de parler des atteintes aux personnes, nous allons terminer ce premier chapitre sur les atteintes aux biens, en parlant du partage de la sécurité et des bonnes pratiques avec les gendarmes, l’institution du CLSPD et la police municipale.
Les Contrats Locaux de Sécurité et de Prévention de la Délinquance ont été créé par un décret de 1999. C’est un cadre règlementaire qui laisse une grande liberté pour y mettre ce qui concerne notre sujet. Il intéresse une commune ou un groupe de communes ayant des préoccupations concordantes. Le président est le maire et à l’intérieur de ce cadre, il y a des représentants de l’État, de la commune et de la population, par l’intermédiaire de représentants d’associations, des chefs d’établissements scolaires, des commerçants, des bailleurs sociaux, des chefs d’entreprise de transport, etc.
Le CLSPD doit se réunir deux fois par an en séance plénière. Mais des groupes de travail, des cellules de veille vont se créer en fonction de thèmes particuliers. C’est là que le travail de partenariat va se développer. Le but est de réunir les partenaires de façon régulière pour échanger des informations et élaborer des solutions. Par exemple, les Groupes d’Intervention Régionaux mobilisent différents services de l’État pour lutter contre l’économie souterraine avec non seulement des policiers et des gendarmes, mais aussi des représentants du GIF qui peuvent confisquer le patrimoine des délinquants.
Donc, le CLSPD offre souplesse et pragmatisme de fonctionnement afin de traiter en amont le thème de la prévention au profit des gendarmes, de la population et des élus.
En ce qui concerne le CLSPD de Mennecy, il a été convenu avec le maire de créer deux cellules de veille, une relative à l’Éducation nationale et une autre chez les bailleurs sociaux. Ces cellules se réunissent chacune deux fois par an, en principe, et autant de fois que nécessaire. La cellule Éducation nationale concerne les établissements scolaires, écoles primaires, collège et lycée. Bien que confidentiels, les propos échangés sont nombreux et importants. Ils permettent, après analyse d’élaborer des solutions rapides et adaptées, entre des représentants qui sont soit soumis au secret professionnel, soit au doit de réserve et, en tout état de cause, conduits à observer la plus grande discrétion.
La cellule des bailleurs sociaux concerne la Cité de la Jeannote qui concerne la majeure partie de nos interventions. La cellule réunit les bailleurs sociaux, la police municipale, les gardiens d’immeubles et la gendarmerie. Toutes ces cellules sont animées par un élu, l’adjoint au maire chargé de la Sécurité. Il est prévu ultérieurement une troisième cellule pouvant concerner les violences intrafamiliales, qui augmentent énormément. En fait nous avons été amenés à séparer très nettement l’activité des cellules du CLSPD par rapport à la participation citoyenne.
En ce qui concerne le partenariat avec les polices municipales, un décret de 2012 oblige la gendarmerie à re-signer avec les communes qui en sont équipées, une nouvelle convention de coordination. Cela permet à la gendarmerie de rédiger la convention de façon précise, après une analyse de la situation conduisant à définir l’emploi de la police municipale, complémentaire à celui de la gendarmerie dans la prévention et la lutte contre la délinquance.
Quant à la police municipale de Mennecy, forte de 8 agents, elle rencontre, à la gendarmerie, le gradé de permanence qui lui indique, chaque matin, les faits qui se sont déroulés sur la commune et inversement. Ce qui montre que les interventions se font la plupart du temps sur les mêmes quartiers. L’essentiel, c’est de créer un bon climat de confiance en fonction de la compétence de chacun.
16 – Le maire d’une petite commune qui dépend de la brigade de Guigneville. Trois réflexions. D’abord, à propos de la circulation de l’information, je voudrais mettre l’accent sur la circulation aval/amont. En tant qu’élu, nous apprenons les larcins, délits en lisant le journal ou par le bouche à oreille provenant de nos administrés. Cela fait un peu désordre. Il serait souhaitable d’avoir une liaison en temps réel, analogue à celle des pompiers. Second point, à propos de la vidéo-surveillance. Si elle est très efficace dans les grandes communes, les petites communes rurales subissent un déplacement de la délinquance, car nous ne pouvons pas être équipés. Troisième point, le redécoupage des zones de gendarmerie, fait il y a quelques années. Un réajustement de ces zones pourrait être plus efficace.
Réponse du commandant Samuel Joguet. Il est vrai que le territoire du sud Essonne est immense. Nous avons essayé plusieurs formules, en ce qui concerne la présence terrain et la transmission des informations, mais elles ne se sont pas révélées assez efficaces. La vidéo surveillance n’est qu’un moyen parmi d’autres et à Étampes nous avons beaucoup de cambriolages, dans la zone police. C’est pourquoi nous devons mieux formaliser la circulation de l’information avec les élus.
17 – Le maire de la commune des Molières. Parmi les interlocuteurs de cette matinale, il y a un absent : la justice. En effet, j’ai nommé un agent pour remplacer le garde-champêtre, parti à la retraite. J’ai écrit il y a 18 mois au Parquet d’Évry et au Tribunal de Grande Instance pour obtenir l’assermentation de cet agent. J’en suis à la quatrième lettre. Toujours pas de réponse ! Et je pourrais citer d’autres exemples qui font que, faute de suivi de la part du Parquet, nous sommes désabusés, car nous constatons qu’il y a plus de théorie que de réalité. L’UME a déjà eu des réunions avec le Procureur de la République d’Évry. Certes, celui-ci a sans doute plus de soucis avec les Pyramides et les Tarterets qu’avec le vandalisme et les tags dans le village des Molières ! Mais notre crédibilité est mise en cause et cela nous crée des difficultés.
18 -Le maire d’Écharcon. Je vous pose la question de l’extinction de l’éclairage public de 0 h 00 à 5 h 00. Y a-t-il des rapports officiels montrant que l’extinction de l’éclairage public augmente la délinquance ou non ?
Réponse : j’ai déjà répondu à la question lors d’une réunion organisée avant-hier par le maire de Ballancourt. Non, nous avons fait des études statistiques, puisque plusieurs communes pratiquent l’extinction de l’éclairage public la nuit. En zone gendarmerie, dans les campagnes, il n’y a pas de lien direct avec l’augmentation de la délinquance, au contraire. En revanche, ce qui ressort, c’est le sentiment d’insécurité, car, dans le noir, les femmes ont peur. En réalité, ce qui est dangereux, ce n’est pas l’obscurité, c’est la désertification de l’espace. Pour la gendarmerie et pour des questions de sécurité, lors des contrôles de la route, nous préférons que les grands axes restent éclairés la nuit, les axes principaux, notamment près des gares.
19 – Après les atteintes aux biens, passons à la seconde partie de cette matinale, les atteintes aux personnes. C’est également un véritable fléau car, en 2012, nous sommes déjà à plus de 300 saisies concernant les violences volontaires. Il y a aussi la délinquance des mineurs dans les écoles, la violence scolaire dans les écoles primaires, sur laquelle nous apportons des actions de prévention. Nous avons recensé 400 faits en 2001/2012 dont ⅓ sont des atteintes volontaires à l’intégrité physique. La Brigade de Prévention de la Délinquance Juvénile (BPDJ), l’intervenant social de la gendarmerie, ainsi que les correspondants Sécurité-écoles vont prendre la parole, car ce sont vos partenaires pour ces questions. Ils vous donneront des outils et vous indiqueront les bonnes pratiques pour les actions de prévention. Puis nous verrons avec le commandant de la brigade de protection des familles, comment mettre en place ces bonnes actions et ces bonnes pratiques.
20 – L’adjudante Josse, commande la brigade de prévention de la délinquance juvénile de Corbeil Essonnes et deux correspondants Sécurité-écoles, le chef Tabet de la brigade de Dourdan et le gendarme Brandon de la brigade de Mennecy. Également à mes côtés, l’intervenant social gendarmerie. Nous sommes présents aujourd’hui, car nous avons institué un réseau au sein de la gendarmerie, pour que notre action soit efficace. Nous intervenons directement dans les établissements scolaires que nous sollicitons, écoles primaires, collèges, du CE 1 jusqu’à la troisième, avec des thématiques adaptées à leur âge et aux problèmes qu’ils peuvent rencontrer. Cela nous permet de mesurer l’évolution de cette problématique et nous essayons d’intervenir sur un fait signalé à la gendarmerie dans un établissement scolaire et aussi dans le milieu périscolaire.
Dans le délai d’une semaine, nous intervenons auprès des jeunes concernés pour effectuer un rappel de la loi. Dans tout le département, nous nous appuyons sur les correspondants Sécurité-école, un titulaire et un suppléant, présents dans chaque unité, qui restent des interlocuteurs privilégiés des municipalités pour des échanges de renseignements, voire des interventions en cas de nécessité. Car, dans l’éducation nationale, les écoles primaires sont un peu laissées pour compte. Elles manquent de structure sociale, d’infirmières scolaires et lorsqu’il y a des difficultés à l’école ou au sein des familles, les chefs d’établissement ne savent pas vers qui se tourner, sinon vers le maire de la commune. Ainsi, nous sommes là pour vous aider, vous guider et vous soutenir pour trouver des réponses.
Exemple de la commune de Mennecy. En tant que Conseiller Sécurité-écoles, je suis chargé des établissements scolaires de Mennecy, Ormoy, Le Coudray Montceau. Notre rôle est essentiellement de faire de la prévention, en complémentarité de la BPDJ, à la demande des écoles et sur autorisation des chefs d’établissement .Présent à Mennecy depuis 12 ans, on commence à voir quelquefois la nécessité de faire de la répression et d’intervenir à partir de CM1, CM2, voire CE2. En faisant de la prévention, nous pouvons connaître d’avance les problèmes de vols, de cambriolages, d’agressions commises par les jeunes, s’ils sont déscolarisés, ou s’il y a des tensions lors de leur scolarité.
En les suivant dès l’école primaire, au collège et au lycée, il est utile de les identifier le plus tôt possible et de leur faire des rappels à la loi. Avec l’aide de l’adjoint sécurité de Mennecy, nous organisons chaque année des journées de préventions et de sécurité de la jeunesse, avec des thèmes sur les dangers d’internet, de la drogue, de la route, etc. Le lundi et mardi, ce sont les interventions pour les primaires, le jeudi et vendredi, pour les collèges et le samedi, c’est une journée portes ouvertes pour tout le monde. Cela permet de sensibiliser les enfants et, par la suite, leurs parents. Notre idée, c’est de mettre ces initiatives en place pour toutes les communes, puisqu’il y a des Référents scolaires, des Conseillers sécurité-écoles dans toutes les brigades et qui sont prêts à vous aider.
À Dourdan, je joue le même rôle que mon collègue. Il est vrai que la vie est de plus en plus dure, les gens sont de plus en plus énervés, avec de relations conflictuelles, des actes d’incivilité. Il y a deux endroits où l’on doit se trouver en sécurité : chez soi et à l’école. Les écoles sont faites pour que l’on puisse étudier de manière sereine et c’est à nous de faire tous les efforts pour que l’école reste un sanctuaire, en fluidifiant les relations entre la mairie, les chefs d’établissements et la gendarmerie.
21 – Témoignage de madame Patureau sur un incident grave avec une élève d’une école de Dourdan. L’incident avait commencé dans les locaux de l’école et s’est poursuivi dans le temps périscolaire. Il montre l’utilité du soutien relationnel de la gendarmerie et celui de l’inspecteur de la circonscription qui a organisé un suivi pédagogique, en recevant les parents en mairie. Il est important de montrer que tout le monde tient le même discours. Parmi les outils, l’intervenant social peut apporter des solutions en ce qui concerne la délinquance scolaire. J’interviens, en tant qu’ancienne directrice d’école, à la demande de la gendarmerie pour apporter des compléments d’information sur les difficultés dans les établissements d’enseignement, organiser des médiations pertinentes en liaison avec les médiateurs de l’Essonne et mobiliser l’aide sociale aux familles en difficulté.
22 – Dernier point, les violences intrafamiliales avec l’existence d’une brigade de protection familiale au sein du groupement de gendarmerie de l’Essonne. Ils vous diront l’état de la délinquance actuelle et le rôle de la gendarmerie, les outils et les Référents implantés dans chaque brigade.
Le capitaine Rastoll, adjoint au commandement du groupement de l’Essonne, chargé de l’exercice de la police judiciaire. Avec monsieur Dio et le l’adjudant-chef Couillaud, un Référent de la brigade de Guigneville et le gendarme Jean, nous allons vous parler de la lutte contre les violences intrafamiliales. Depuis un peu plus de 10 ans, la gendarmerie s’est organisée afin d’être efficace contre ce phénomène, les violences intrafamiliales, qui fragilise le couple familial et compromet l’équilibre social. Le réseau s’est déployé dans chaque département, sur le plan national, pour répondre de manière efficace à cette problématique très particulière et qui vous concerne, tout particulièrement. Le réseau a été perfectionné, il y a deux ans, par la mise en place d’une brigade de protection des familles. Sachant qu’il y a dans chaque unité deux Référents, cela constitue au niveau du groupement départemental, un véritable réseau, fort de 65 Référents, pour lutter contre les violences intrafamiliales.
Pourquoi une brigade spécialisée ? Parce qu’il faut une attitude particulière, une écoute attentive, un accueil et un accompagnement adaptés des victimes et une articulation basée sur la prévention et sur la répression. Ces actions reposent sur un partenariat, car si nous restons seuls, on risque de ne pas être très efficaces. Il est nécessaire de compter sur la synergie des services de l’État, ceux du Conseil général, sur les associations, les élus, les communes… Des actions ont été menées d’année en année, pour préparer, pour former les Référents que l’on appelle les Référents VIF, sur ce domaine particulier. Les outils : ce sont des questionnaires, des listes-type permettent d’accueillir les personnes qui viennent porter plainte. Le directeur d’enquête remet une carte de visite à la personne venue porter plainte. Ce sera un lien pour rester en contact et l’informer de la progression des investigations utiles. Ce qui est également important, c’est l’accompagnement des victimes et de leurs proches. Il y a une coordination grâce à un Référent avec le Parquet et qui reste en lien avec la victime. Ainsi la réponse pénale peut être plus adaptée, si le magistrat est mieux informé. On observe sur notre territoire, une certaine stabilité et une proportion inférieure à la moyenne nationale, ce qui montre l’intérêt du travail réalisé au quotidien par les Référents en liaison avec l’Intervenant social.
23 – Deux Référents VIF témoignent de leur travail : l’adjudant-chef Couillaud de la brigade de Guigneville et le gendarme Jean, de la brigade de Marolles. C’est un travail difficile.
Dès que nous avons connaissance d’un climat de tension au niveau de la famille, dès qu’une plainte est déposée, nous examinons la possibilité de mettre la victime en liaison, selon le type de violence commise, avec une association spécialisée dans les violences faites aux femmes, ou s’il s’agit d’un climat de tension quotidien, de mettre la famille en rapport avec notre Intervenant social pour guider et orienter la victime.
En cas de violences graves, nous intervenons après le dépôt de plainte avec un accompagnement pour que la victime puisse se reconstruire et résoudre des difficultés psychologiques, familiales et financières.
L’adjudant-chef Couillaud. En fait, notre rôle dépasse le cas des violences conjugales et nous nous intéressons à tout ce qui se passe sous le toit de l’habitat, à toutes les relations au sein de la famille. Nous pouvons ainsi constater des difficultés, par exemple des enfants sur leurs parents, des grands-parents victimes de leurs petits-enfants, etc.
Un autre point, dans les communes, vous avez parfois connaissance de faits où il n’y a pas eu de violences physiques, mais néanmoins des difficultés qui peuvent être latentes depuis des années. Même dans ce cas, n’hésitez pas à consulter le commandant d’unité de façon que le Référent VIF puisse intervenir auprès des responsables des Centres Communaux d’Action Sociale, afin de proposer des solutions en amont. Il arrive très heureusement que toutes les difficultés familiales ne se traduisent pas par des procédures judiciaires et des condamnations pénales. Ce travail en amont permet de décanter des difficultés qui apparaissent et vous aide à trouver des solutions autres qu’une décision d’aide financière ou de relogement. Le but de ce travail de prévention est d’éviter qu’il y ait des victimes.
24 – Monsieur Dio ajoute que pour exercer au mieux son action, il a besoin de la coopération avec les CCAS, l’école primaire, la police municipale, afin d’apporter aux familles sur le point d’exploser, des solutions alternatives, quelque fois avec l’autorité de la police ou de la gendarmerie, pour celles qui n’osent pas porter plainte ou même qui refusent toute aide dans l’immédiat. Ainsi, je peux être un relais pour vous, mais à condition de bien collaborer ensemble.
25 – Lieutenant-colonel Laurent Maurice. Merci pour votre patience, nous n’avons pas le temps de traiter un dernier point qui nous préoccupe beaucoup. Il s’agit de l’insécurité routière, car malgré nos efforts nous n’avons pas de bons chiffres, 20 % de blessés en plus, avec 65 % de deux roues parmi les accidents, alors que les immatriculations de deux roues dans le département n’atteignent que 2 à 3 %.
En conclusion : le bon réflexe, c’est de faire le 17 et, en ce qui concerne les atteintes aux biens. Comme l’a dit le préfet, lors de la signature de la convention organisant la participation citoyenne contre les cambriolages, « faites confiance à votre voisin, pas à votre assureur » ! En ce qui concerne les atteintes aux personnes, rappelez-vous que nous disposons d’un réseau structuré de Référents pour la protection familiale, des Correspondants sécurité-école et la gendarmerie est là pour vous apporter son aide, dans le but d’apporter un développement durable, économique et social dans notre pays. Merci à vous monsieur le Président et à vous, madame Parâtre, d’avoir organisé cette réunion d’information.
26 – Laurent Béteille, président de l’UME. Merci au colonel Sylvain Duret et à tout le groupement départemental de la gendarmerie pour la clarté de cette présentation, illustrée avec des exemples pertinents. Ils montrent qu’en tant qu’élus, nous ne pouvons pas faire grand-chose en restant seuls. La gendarmerie pourra compter sur nous pour travailler ensemble et œuvrer à la sécurité de nos concitoyens.
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