Les SAS (sections administratives spécialisées)
Jacques Frémeaux
Sorbonne, Université de Paris IV
« Pour avoir quand même cherché l’homme au moyen des SAS, nous n’aurons peut-être pas tout raté. » 1
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Les SAS (sections administratives spécialisées) apparaissent largement comme les héritières des Bureaux arabes du XIXe siècle. Cependant, la filiation est loin d’être directe. Les Bureaux arabes d’Algérie, condamnés par les progrès du régime civil, avaient été démantelés dans l’Algérie du Nord entre 1870 et 1880. La tradition, cependant, n’en a point été perdue en 1954. Tout d’abord, le Sahara, sous le nom de territoires du Sud, demeure un territoire militaire, administré par les officiers des Affaires sahariennes. Par ailleurs, d’autres conquêtes ont suscité des organismes analogues. En Tunisie, le service de Renseignements du Sud tunisien administre les confins saharo-tripolitains du pays. Au Maroc, le service de Renseignements, devenu service des Affaires indigènes (AI) organisé par Lyautey, et illustré par les noms de Berriau, de Bournazel ou de Boyer de la Tour, a brillé d’un éclat tout particulier. C’est à cette époque que les officiers affectés à ces missions ont adopté le képi bleu ciel, frappé du croissant et de l’étoile d’or, que porteront plus tard, complété par des épaulettes rouges, leurs héritiers des SAS. À la veille de l’indépendance, une bonne partie du pays demeure encore sous administration militaire.
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Les débuts de la guerre d’Algérie soulignent aux yeux des autorités françaises une sous-administration criante, qui facilite l’implantation du FLN. Ils soulignent aussi le manque de fonctionnaires compétents, et encore plus de volontaires civils pour des missions dangereuses à mener dans des régions éloignées et menacées. Comme dans beaucoup d’autres domaines, on fait appel aux cadres de l’armée, seuls immédiatement disponibles avec les moyens nécessaires, pour remédier à ces carences. Les premières expériences s’effectuent dès le début de 1955 dans le massif de l’Aurès, alors principal foyer de la « rébellion », sous l’impulsion et la direction du général Parlange, qui cumule les pouvoirs civils et militaires. Ancien du Maroc, il fait appel à des officiers issus des AI, mais aussi des Affaires sahariennes. Le gouverneur général Soustelle décide d’élargir l’expérience à l’ensemble du territoire algérien.
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C’est dans ces circonstances qu’un arrêté du 26 septembre 1955 crée le service des Affaires algériennes (AA). Rattaché au cabinet militaire du gouverneur général, il se compose d’officiers « destinés à assurer toutes missions d’encadrement et de renforcement des personnels des unités administratives et des collectivités locales ». Il reçoit une organisation hiérarchique très largement calquée sur le modèle des AI du Maroc, allant d’adjoint stagiaire à officier de classe exceptionnelle. Ces officiers implantent, sur l’ensemble du territoire, un réseau d’établissements appelés SAS (sections administratives spécialisées). Le choix de ce terme a été parfois critiqué comme exagérément technocratique, ce qui ne l’a pas empêché de s’imposer. À la fin de 1961, il existe plus de 700 SAS, auxquelles il faut ajouter 20 SAU (sections administratives urbaines) dans les quartiers musulmans des grandes villes, et notamment dans la Casbah et à la périphérie d’Alger. Quelques antennes seront même créées en métropole.
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Environ 4 000 officiers sont passés par les SAS, ce qui peut donner une idée de l’ampleur de l’expérience. Les origines des cadres, tous volontaires, sont très variées : en 1959, un tiers sont des officiers de carrière, un tiers des réservistes rappelés, un tiers des jeunes officiers du contingent. Dans l’ensemble, il s’agit d’un personnel de qualité, notamment chez les officiers de réserve, parmi lesquels on trouve des élèves de l’ENA, de l’École de la France d’outre-mer (ex-École coloniale), ou des séminaristes, appelés plus tard à de hautes fonctions dans la diplomatie, la politique ou l’Église. La connaissance du pays, en revanche, laisse à désirer. Bien peu nombreux, à l’exception des officiers venus des AI du Maroc ou des Affaires sahariennes, ou encore de certains officiers de l’Armée d’Afrique, sont ceux qui ont une connaissance pratique du pays et de la langue arabe ou kabyle. La plupart des officiers appelés découvrent l’Algérie après les classes suivies en métropole, et leur séjour est inférieur à deux ans. L’organisation de stages (que tous, il est vrai, n’ont pas assez de temps pour suivre), le travail personnel et la pratique du terrain ne permettent de remédier aux carences qu’en partie seulement. Faute de comprendre un nombre suffisant d’officiers musulmans, le corps n’a pas toujours réussi à éviter d’apparaître, comme certains le redoutaient dans les débuts, comme un « corps de contrôle chrétien sur une population musulmane étrangère ». Il faut dire que l’armée française ne compte alors que 400 officiers musulmans, dont moins de 300 seulement servent en Algérie et au Sahara, pour 1 400 postes à pourvoir dans les SAS, et que ces officiers sont particulièrement exposés à la vindicte des nationalistes.
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La responsabilité d’un chef de SAS s’étend, en moyenne, sur une population d’une dizaine de milliers d’habitants ; la superficie de sa circonscription varie entre une centaine et un millier de kilomètres carrés, les circonscriptions kabyles, les plus peuplées, étant les plus réduites, celles du Sud les plus vastes. Il ne dispose pas d’un personnel pléthorique. Vers 1960, les SAS emploient 21 661 personnes, dont 1 308 officiers, 592 sous-officiers, 2 854 attachés (radios, secrétaires, interprètes, infirmiers). Il faut y ajouter les moghaznis, qui représentent un effectif total d’environ 20 000 hommes, et constituent une force permanente. Par leur statut, ils sont proches des harkis, qui, beaucoup plus nombreux (près de 60 000 hommes en 1961) relèvent du commandement des unités opérationnelles.
Comme eux, ce sont des supplétifs, recrutés par contrats courts (six et douze mois), et payés sur le budget civil, et non sur celui de l’armée. En moyenne, chaque SAS comprend un ou deux officiers, un sous-officier, deux ou trois gradés ou soldats chargés de tâches d’écriture ou de missions techniques, et de trente à cinquante supplétifs.
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Officiers et personnels sont hébergés en dehors des locaux militaires, et souvent très éloignés d’eux, de manière à être plus proches des administrés. Les sièges des SAS doivent se situer, en effet, à proximité d’une agglomération, ou du moins d’un marché, ou d’un lieu de passage fréquenté. Ils se composent le plus souvent d’un bâtiment fortifié, à l’abri des coups de main, de la cité qui abrite les hommes du maghzen et leurs familles, et enfin de locaux administratifs séparés, de manière à faciliter l’accueil. Une agence postale, une infirmerie, une école complètent souvent l’ensemble. Très fréquemment, selon une ancienne tradition coloniale, des jardins, destinés à fournir de quoi améliorer l’ordinaire, mais aussi à servir de station expérimentale et de modèle aux cultivateurs locaux, se situent au voisinage.
La mission
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D’un point de vue général, la mission des SAS est de rétablir (ou d’établir) avec les populations le contact rompu d’abord par la sous-administration, puis interdit par l’action du FLN et de l’ALN. Pour le général Partiot, inspecteur général des Affaires algériennes en 1959-1960, « les SAS ont été créées et mises en place pour prendre ou reprendre contact avec la population musulmane ». C’est pour lui « la mission principale, celle qui domine toutes les autres ». Leurs tâches ont été précisées par Soustelle, pour qui « il faut reprendre pour ainsi dire à l’envers le travail des fellaghas. Ils terrorisent ? À nous de rassurer. Ils désorganisent ? À nous de réorganiser. Ils brisent le ressort des populations pour les empêcher de se défendre ? À nous de leur rendre le goût et la possibilité de résister » 2. Pour cela, « les chefs de SAS exercent les missions de maintien de l’ordre et de pacification, mais aussi une mission d’administration, dans le cadre de la lutte contre les activités rebelles OPA [organisation politico-administrative], d’une action psychologique de remise en confiance des populations et d’une action médico-sociale » 3.
Mission administrative
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La mission des SAS consiste d’abord à implanter une administration française dans des régions qui en sont cruellement dépourvues, puisqu’elles n’ont connu, pour la plupart, que le système des immenses communes mixtes, avec une poignée d’administrateurs coiffant une hiérarchie de notables indigènes peu contrôlés et peu aidés. Le chef de SAS est à la fois le représentant du pouvoir central auprès des populations et le représentant de celles-ci auprès du pouvoir central. Chaque officier de SAS, qui est placé en position de détachement auprès de l’administration, dépend du sous-préfet en matière administrative, économique et sociale, dépendance rappelée notamment par le décret présidentiel du 2 septembre 1959.Les chefs de SAS reçoivent des fonctions d’officiers d’état civil. En 1957, un décret leur confère les pouvoirs de police judiciaire. Bien qu’ils n’y soient en théorie pas autorisés, il leur arrive d’infliger des amendes, des peines de prison de courte durée ou des journées de travail, ce qui contribue à leur donner un réel pouvoir 4.
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Leur mission est cependant conçue comme provisoire. Il leur est demandé en effet de mener à bien la réforme de 1956 qui supprime les communes mixtes pour les remplacer par 1 468 municipalités qu’on se propose d’organiser sur le modèle français. Ils sont chargés, dans un premier temps, d’assurer la tutelle des nouvelles communes, et de recruter, dans la population, des délégués qu’ils doivent initier à la gestion municipale. Dans un second temps, ils sont invités à susciter des candidatures destinées à mettre en place des municipalités élues. La tâche est d’autant plus délicate que les Algériens qui s’engagent dans une telle dynamique sont menacés de mort par le FLN. Cette œuvre paraît pourtant couronnée par les élections municipales d’avril 1959, suivies peu après d’élections cantonales. Un arrêté de septembre 1959 précise que, désormais, les officiers de SAS ne sont plus chargés que d’un rôle « d’animation et de coordination, de conseil et de soutien » auprès des maires et des conseils municipaux. À ce titre, ils sont chargés notamment d’assurer une liaison permanente entre le sous-préfet et les maires, de « faciliter aux maires l’exercice de leurs attributions », et enfin de « recueillir et de coordonner les propositions des municipalités concernant le plan du développement économique et social des communes de leurs circonscriptions et de veiller à sa mise en œuvre ».
Mission militaire
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Les officiers de SAS sont évidemment tenus de participer au rétablissement de l’ordre. Leurs implantations assurent, dans des régions souvent reculées, une présence permanente qui s’ajoute à l’ensemble du dispositif de quadrillage. La disposition d’une unité de supplétifs leur permet d’assurer notamment un service de tournées de jour et parfois de nuit, destinées à reconnaître le pays et rendre la vie difficile aux agents de l’adversaire, mais aussi à familiariser les populations avec leur présence. Éventuellement, ils sont appelés à participer aux opérations militaires qui se déroulent sur le territoire de leur circonscription, aux côtés des unités régulières. En qualité d’officiers, ils sont rattachés à la hiérarchie territoriale qui peut requérir leur emploi.
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À partir de 1959, est mis en place le système des SAS dites « renforcées ». Certains sous-quartiers, qui sont les circonscriptions militaires de base, sont placés sous le commandement militaire du chef de SAS. Celui-ci est alors investi de la totalité des responsabilités en matière de « pacification », et se voit attribuer des moyens accrus en supplétifs.
C’est là une manière de limiter les missions statiques imposées aux troupes régulières, au moment où le commandement, dans le cadre du « plan Challe », s’efforce de consacrer le maximum d’effectifs à ses grandes opérations offensives contre l’ALN. Ces dispositions sont particulièrement appliquées dans le corps d’armée d’Oran, où 75 sous-quartiers sur 130 sont commandés par des chefs de SAS en 1961.
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Cette action est évidemment inséparable du renseignement. Les SAS sont en rapport étroit avec la population, soit directement, soit par l’intermédiaire des hommes de leur maghzen, soit par des informateurs. Ils sont chargés de procéder aux recensements, de délivrer des cartes d’identité et des laissez-passer, ce qui leur permet de repérer les suspects. Ils sont bien placés pour faire du « renseignement d’ambiance », qui consiste à définir l’état de l’opinion publique, ses dispositions envers les Français et le FLN, sa capacité à appuyer l’un ou l’autre camp ; ils contribuent aussi à la connaissance de l’organisation locale adverse. Il est plus rare qu’ils aient l’occasion de faire du renseignement dit « opérationnel », celui qui donne suffisamment d’éléments précis sur les positions de l’ALN à un moment donné pour permettre de mener une opération d’envergure.
La mission pacifique
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Mais la mission pacifique complète largement la mission guerrière et policière. D’après le général Partiot, l’action des officiers sous ses ordres doit contribuer à « élever l’homme, à le promouvoir dans le domaine moral, intellectuel, matériel », de manière à « amener ces populations à la France par le cœur et par la raison ». Pour le commandant Benos, directeur du cours de formation, la pacification, qui exige « la suppression totale de la rébellion », impose tout autant « l’élimination tenace, acharnée », de « la grande misère physique et intellectuelle qui afflige les sept dixièmes des femmes et des hommes de ce pays » 5.
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L’action sanitaire et sociale, déjà mise au tout premier plan par Lyautey, en constitue un aspect très important. Si le nombre de médecins attachés aux SAS est limité, celles-ci peuvent aussi bénéficier de l’aide des médecins des unités, et, en permanence, de personnels infirmiers spécialement formés. L’AMG (assistance médicale gratuite), qui s’exerce soit dans un local proche de la SAS, soit à l’occasion de tournées effectuées par des « équipes médico-sociales itinérantes » (EMSI), rencontre généralement beaucoup de faveur auprès de populations dont la confiance, de ce point de vue, est souvent touchante. L’action éducative n’est pas moins encouragée. Souvent, une école s’ouvre à côté de la SAS, avec un instituteur qui est fréquemment un militaire du contingent. La plupart du temps, elle est également très fréquentée. Par ailleurs, des foyers et des ouvroirs sont implantés dans le but de faire bénéficier les femmes de conseils en matière d’hygiène domestique, de puériculture, d’instruction ménagère. Pour les jeunes sont ouverts des foyers sportifs et des cycles de formation professionnelle. Des auxiliaires féminines (ASSRA, adjointes sanitaires et sociales rurales auxiliaires) et des moniteurs spécialisés sont chargés de l’animation de ces centres. Par-delà un aspect de propagande ou d’ « action psychologique » évident, il y a là une réponse aux besoins réels d’une société algérienne soucieuse d’entrer dans la modernité.
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Les SAS sont aussi invitées à lutter contre la misère des campagnes. Au niveau le plus élémentaire, l’aide consiste en distribution de vivres ou de vêtements aux plus pauvres. Beaucoup préfèrent, à cette assistance indispensable, l’ouverture de chantiers de travaux publics qui donnent du travail et un salaire en évitant de perpétuer un assistanat peu respectueux de la dignité des personnes. La nécessité de construire au bénéfice de la SAS elle-même, mais aussi pour satisfaire à des besoins locaux, fournit autant de projets dont on est fondé à attendre une amélioration des niveaux de vie. La construction de bâtiments divers (mairie, école, infirmerie, foyers) engendre une première série de réalisations. Il faut y ajouter l’ouverture de pistes destinées à mettre fin à l’isolement, ou l’installation de fontaines, qui doivent faciliter la vie quotidienne. Mais certaines réalisations sont plus ambitieuses, comme la construction de nouveaux villages, couplée le plus souvent avec une redistribution de terres et des travaux d’irrigation, mais aussi la fourniture d’équipements et des conseils techniques.
Bureaux arabes et SAS
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On retrouve chez les officiers de SAS de la guerre d’Algérie bien des traits observés chez ceux des Bureaux arabes de la conquête. Il faut tout d’abord souligner la conviction que seule la victoire de la France peut assurer la prospérité de l’Algérie, en lui permettant de sortir d’un état de sous-développement à l’origine duquel beaucoup, du reste, sont prêts à reconnaître les responsabilités françaises. On dénote la même sollicitude pour les populations, en particulier par une recherche constante du contact, soit par la tournée, soit par une grande disponibilité, et aussi le même souci d’améliorer les conditions de vie par de vastes projets de mise en valeur.
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On remarque enfin le même sentiment, accru par l’isolement ou l’éloignement des autorités pour ces humbles tâches, d’être investi de larges responsabilités, en se fondant moins sur les textes que sur l’autorité personnelle et la capacité d’inspirer confiance. « La SAS, c’était d’abord un homme, jeune officier, presque toujours passionné par ce qu’il faisait, trouvant dans une action au service de populations pauvres et souffrantes les plus hautes satisfactions. » Ces mots prennent tout leur poids lorsqu’on sait qu’ils ont été écrits par Bernard Tricot, conseiller du général de Gaulle, très réservé dès le début quant à l’avenir de la solution française 6.
On note, aussi, des aspects plus sombres qui rappellent certaines dérives des Bureaux arabes : abus de caisses noires, compromissions et trafic d’influence avec des éléments douteux du maghzen, violences injustifiées, voire exécutions discrètes. En 1958, le sous-préfet Ferré demande, sans l’obtenir, le déplacement du chef de la SAS de Thiers, dans l’arrondissement de Palestro, pour avoir, pour le moins, couvert des vols suivis d’assassinats commis par des personnels sous ses ordres 7. Ces excès paraissent, il faut le dire, ceux d’une minorité.
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Les différences, cependant, sont tout aussi nettes. Tout d’abord, les officiers des SAS sont loin de disposer de tous les pouvoirs que réunissaient les Bureaux arabes. S’ils sont encore, souvent, des chefs, imposant leur autorité et leur arbitrage, autorisés en fait, sinon en droit, à infliger des amendes, à punir par des journées de travail ou d’emprisonnement, leurs pouvoirs ne vont pas si loin. La persuasion compte autant que l’autorité. Il faut ajouter que, bien que militaires, ils ne relèvent pas réglementairement de l’armée. Officiellement, le service des Affaires algériennes est un service civil. Cette dépendance n’est pas toujours bien acceptée des autorités militaires, compétentes pour tout ce qui regarde le renseignement et les opérations.
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À l’intérieur même de l’armée, d’autres services spécialisés exercent une partie des missions autrefois dévolues aux Bureaux arabes. Le renseignement est l’apanage des officiers de renseignements (OR), attachés aux Deuxièmes Bureaux des états-majors, tandis que l’action psychologique, qui a pour but de définir et d’inspirer les opérations de propagande destinées à rallier les populations, relève des officiers des Cinquièmes Bureaux. Ce sont des cadres issus de ces services qui occupent auprès des hauts responsables militaires le rôle de conseillers en matière politique que tenaient autrefois les officiers de Bureaux arabes. Les officiers de SAS sont donc loin d’avoir auprès des grands chefs la position privilégiée dont jouissaient leurs « anciens ». De plus, le caractère relativement bref de la guerre n’a pas permis à des officiers issus des SAS d’accéder aux tâches de commandement qui leur auraient permis d’exercer une influence sur les jeunes générations, comme ce fut le cas lors de la conquête de l’Algérie et du Maroc, étalées toutes deux sur plus de vingt ans.
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Dans ces conditions, les SAS n’ont sans doute pas exercé sur les officiers d’active l’attraction qu’avaient exercée les Bureaux arabes sur ceux de l’armée d’Afrique, au moins dans la décennie 1840-1850. À ce premier handicap qui a pu peser sur le recrutement, il faut en ajouter un second : le recrutement des officiers des Bureaux arabes n’exigeait que deux dizaines d’officiers par an, le service ne comprenant qu’environ 200 titulaires, servant plusieurs années. Celui des SAS, au contraire, impliquait de recruter peut-être 300 officiers chaque année. Si le corps des SAS n’a certes pas manqué d’individualités brillantes, la qualité moyenne s’en est peut-être trouvée abaissée.
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Enfin, la société algérienne a beaucoup changé depuis le XIXe siècle. Le rôle essentiel des Bureaux arabes, même s’ils étaient à l’écoute du peuple, consistait à faciliter la conquête, et à exercer une sorte de protectorat sur une aristocratie indigène alors très vigoureuse, et qui a largement disparu depuis près d’un siècle. La mission des SAS vise à empêcher la perte de l’Algérie, en suscitant, dans les populations algériennes, de nouvelles élites attachées à la construction d’une Algérie liée à la France. On peut dire qu’elle est autrement plus difficile, alors que le FLN offre aux ambitions l’idéal d’une Algérie débarrassée de l’omniprésence des cadres français, grands et petits, dans une ambiance internationale favorable à la décolonisation. L’action des SAS, d’ailleurs, ne peut toucher que la masse des humbles auxquels a toujours échappé toute décision.
Les SAS et leur environnement
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Les relations entre l’armée, les services civils et les SAS sont en général bonnes. Très souvent, les responsables militaires territoriaux acceptent de fournir aux SAS les moyens nécessaires en spécialistes, par exemple du Génie ou du Matériel, avec leur outillage, pour les aider à accomplir plus facilement leurs missions. De même, les relations suivies avec l’administration préfectorale, les services de l’Équipement ou ceux de l’Agriculture, si elles donnent parfois lieu à des frictions, se déroulent en général dans une atmosphère constructive.
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Il faut noter, cependant, que tout n’est pas parfait. La méfiance traditionnelle des militaires « réguliers » pour les services d’Affaires indigènes subsiste. Ceux-ci, par la force des choses, ne donnent pas la priorité à l’action guerrière. Ils sont souvent ennemis du manichéisme qui consiste à considérer comme coupables tous les musulmans qui maintiennent des liens avec les « rebelles », comme s’ils pouvaient faire autrement, et comme s’il n’était pas plus habile de chercher à utiliser ces relations au profit de la cause française, plutôt que de se lancer dans une répression aveugle. Ils vivent, par rapport aux troupes en opération, dans des conditions relatives de confort, qui ne peuvent manquer de susciter les jalousies. Le sous-lieutenant Émile Mus, appelé dans un régiment parachutiste, juge ainsi que trop d’officiers de SAS sont attirés par une bonne paye, et un travail sans trop de risques. Il les accuse même de se livrer à la « démagogie » pour avoir la paix, allant dit-il jusqu’à prévenir les rebelles de l’imminence d’une opération 8. Certains, par dérision, les traitent de « casques bleus », montrant par là leur incompréhension pour une forme d’action qui vise à éviter les affrontements plutôt qu’à les susciter 9.
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Les autorités civiles reprochent aux officiers de SAS un style exagérément directif, qui les amène à trop souvent chercher à « commander », au lieu de « conseiller et aider ». Cette critique leur est adressée notamment après les élections municipales de 1959, qui, on l’a vu, diminuent leurs pouvoirs. En septembre 1960, une commission parlementaire leur reproche de « faire de l’administration parallèle », et de compromettre l’expérience d’autonomie municipale en ruinant le crédit des maires et des conseils municipaux musulmans, qu’ils réduiraient à ne faire que de la figuration. Elle souhaite leur remplacement rapide par des organismes civils. Un certain nombre d’officiers, il est vrai, n’ont pas une confiance totale dans les nouveaux élus, qu’ils jugent parfois incompétents, parfois intéressés.
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Les rapports avec les populations civiles livrent toute une série de gestes touchants de confiance entre nombre d’officiers de SAS et leurs maghzens, auxquels les unit une camaraderie de combat, mais aussi à l’égard de leurs administrés. On ne compte pas les officiers et sous-officiers qui ont consacré, chacun dans son petit territoire, tous leurs efforts aux irrigations, aux drainages, aux défrichements ou aux plantations. Certains, par exemple, ont fait, sur leur solde, l’avance des frais les plus urgents, ou ont partagé leur ration avec leur entourage ; d’autres ont incité leurs familles ou leurs amis à envoyer des secours de métropole. L’attitude envers les Européens, qui, il est vrai, sont moins dépendants d’eux, est plus nuancée. Même lorsqu’on admire le courage quotidien des entrepreneurs ou agriculteurs du bled et leur énergie au travail, ou qu’on reconnaît qu’ils payent équitablement leurs employés, on a tendance à dénoncer le peu d’égards avec lesquels ils traitent les musulmans, qu’ils ont beaucoup de peine à considérer comme des égaux.
Essai de bilan
Les lumières
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Évoquant avec pessimisme l’action des SAS, un général note, en 1957 : « Il est utile de rappeler que la plupart des conceptions généreuses qui dominent la politique française présente dans son désir de mettre fin à une lutte détestable, coûteuse et sanglante pour tous, ont déjà dans le passé été tentées par les Bureaux arabes et que, dans leur effort, au point de vue social, économique et humain, ils n’ont éprouvé que des échecs. » Ce jugement, sans doute fondé sur la lecture du livre alors récent du Pr Xavier Yacono sur les Bureaux arabes au XIXe siècle, paraît excessivement sévère 10.
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Il est certain, tout d’abord, que les SAS ont représenté un des plus importants défis posés au FLN, dans la mesure où elles pratiquaient un type d’action qui, à l’inverse des opérations purement militaires, toujours éprouvantes pour les civils, ne nourrit pas l’engrenage de la violence, mais risque au contraire d’attirer vers la cause française une partie des populations. Les dirigeants locaux du Front sont bien conscients de la séduction que peut exercer, en particulier, l’action médicale et sociale. Des tracts dénoncent comme très dangereuse une politique « qui cherche par des mesures trompeuses à maintenir le niveau de nos compatriotes bas et ignorant ». Conscients malgré tout de l’attirance des populations pour l’école et l’infirmerie françaises, les chefs du FLN doivent parfois se résigner à assouplir leurs consignes interdisant sous peine de mort de les fréquenter. Ils tentent aussi de mener une action parallèle et concurrente, en s’efforçant de fournir une aide médicale, voire même un enseignement. Des actions psychologiques doivent dénoncer la politique française, et ridiculisent les discours tenus par les officiers français. L’action armée contre eux reste cependant une priorité : entre 1956 et le début de 1962, les SAS ont eu 752 morts, dont 70 officiers, 33 sous-officiers, 42 attachés et 607 moghaznis.
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D’un point de vue économique et social, c’est largement à l’action des SAS, et à l’ambiance qui se crée autour d’elles, qu’il faut attribuer des bilans comme celui que peut publier Le Monde en 1959 : 800 écoles ouvertes depuis 1956, et près de 70 000 enfants scolarisés ; plus d’un million de consultations et de soins, rendus par 675 médecins, assistés d’autant d’auxiliaires médicales. Si les officiers de SAS ont dû, dans les débuts, souvent recourir à des expédients, ils ont pu, à partir de 1959, bénéficier de crédits plus importants, dans le cadre du plan de développement économique et social dit « plan de Constantine » dont ils sont chargés d’étudier la mise en œuvre au niveau de leurs circonscriptions 11. La souplesse, la polyvalence et, au total, la grande efficacité d’un système capable de mobiliser d’innombrables efforts au nom d’un idéal généreux ont été généralement reconnues.
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De plus, les officiers de SAS ne paraissent que rarement impliqués dans les pratiques de torture qui ont trop souvent compromis l’image et l’action de l’armée. Bien plus, on a vu nombre d’entre eux, se faisant les protecteurs de la population, dénoncer ces pratiques, ou d’autres exactions, dont ils étaient bien placés pour mesurer les effets désastreux. En 1957, l’ancien gouverneur général Delavignette fait l’éloge de l’ « œuvre admirable des SAS » qui lui a apporté, dit-il, une « bouffée d’air pur ». Ce jugement a d’autant plus de valeur qu’il émane d’un homme qui vient, en tant que membre de la Commission de sauvegarde des droits et libertés individuels instituée par le gouvernement de Guy Mollet, de dénoncer avec lucidité le « contre-terrorisme » des services spéciaux de l’armée française, qu’il accuse de contribuer à un « pourrissement » de l’armée et de l’administration 12. Cela ne signifie évidemment pas que l’ensemble du service ait été épargné par ce cancer.
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Il n’est pas sûr, cependant, que l’action des SAS ait atteint tous ses objectifs.
Les limites
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Tout d’abord, il faut observer que les initiatives économiques et sociales sont prises dans le cadre d’un large déracinement des populations rurales algériennes, déplacées de force de leurs habitats traditionnels, pour être placées sous le contrôle de l’armée, qui espère ainsi les soustraire à l’action du FLN. Toute une partie des efforts entrepris par les SAS consiste moins à assurer la promotion de ces populations (environ deux millions de personnes, soit entre un cinquième et un quart de la population algérienne) qu’à fournir des premiers secours. Certes, on compte des réalisations remarquables, en particulier dans le cadre du grand plan dit des « mille villages » destiné à loger les regroupés dans des agglomérations dotées d’un minimum de confort, et non plus dans des camps. Mais il reste encore beaucoup à faire pour « chasser la misère », selon une devise qui aurait pu être celle des SAS 13.
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Par ailleurs, il ne semble pas que, en dépit de résultats moraux remarquables, le mouvement de sympathie que les meilleurs des officiers sont capables de susciter chez leurs administrés ait pu amener un ralliement massif à la cause française. Bien des Algériens musulmans, tout en recourant aux services mis à leur disposition, s’efforcent d’échapper à tout engagement dans une guerre qui les dépasse. Par la force de la terreur, mais aussi par celle de la conviction, les cadres politiques nationalistes conservent presque partout une influence considérable. L’aspiration à la paix avant tout, du reste, domine sans doute tous les autres sentiments, alors que le conflit n’a pas fait moins de 300 000 morts. Cela ne signifie pas cependant, que, au moins jusqu’en 1959, les officiers de SAS pensent que leur mission n’ait aucune chance de succès. Pour beaucoup d’entre eux, en effet, le temps est un facteur essentiel. Plusieurs années de patients efforts sont nécessaires, non seulement pour élever significativement les genres de vie, mais pour ébranler sérieusement et partout l’armature du FLN, et surtout son emprise sur les populations. En 1960, le chef du service, le général Partiot, juge que, pour être fructueuse, l’action des SAS a besoin de vingt-cinq ans devant elle. À cette époque, le général de Gaulle a pris la décision de trouver au conflit une solution rapide.
La fin d’une idée
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C’est le moment où un certain nombre d’officiers de SAS commencent à exprimer des doutes sur l’avenir. À l’occasion de la fin de stage de la promotion des officiers SAS, une cérémonie est organisée le 30 juin 1960, en présence des principaux responsables du service. Le délégué général Paul Delouvrier, représentant du gouvernement en Algérie, inaugure une salle dédiée à la mémoire du lieutenant Schœn, major du premier cours, et tué en opération le 18 février 1959, alors qu’il commandait la SAS de l’Alma, à 35 km d’Alger. C’est l’occasion d’un vif échange de propos. Le chef du cours, le colonel Benos, exprime dans son discours le vœu que le sacrifice du lieutenant ne soit pas inutile. Il ne faudrait pas, suggère-t-il, qu’on puisse se demander un jour si cet officier est bien mort pour la France. Un autre officier déclare que l’évolution de la politique du général de Gaulle a soulevé des inquiétudes chez les musulmans comme chez les officiers des SAS. Il souhaite des directives politiques. Un autre encore rapporte l’angoisse de son chef de maghzen, qui se plaint que seuls puissent se faire entendre les adversaires de la France. Paul Delouvrier se contente d’en appeler à la discipline, et de souligner qu’il n’est pas question de faire une politique qui réponde aux souhaits des seuls Européens.
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Cette journée, qui a marqué à juste titre les esprits de ceux qui en ont eu connaissance, a-t-elle eu des suites ? En tout cas, un des témoins, le général Partiot, en désaccord avec la politique gouvernementale, demande à quitter l’Algérie à la fin de la même année 14. Le découragement gagne les cadres. Cependant, quelles qu’aient pu être leurs sympathies, les officiers de SAS se gardent pour la plupart d’intervenir dans des événements politiques qui, il est vrai, ont surtout pour théâtre les grandes villes, dont ils sont bien éloignés. Certains responsables, comme le général Ailleret, commandant en chef depuis juin 1961, ne jugent pas moins que, malgré leur dévouement, ils sont « attachés à des méthodes anciennes et en grande partie périmées », parce que trop liées, selon lui, à une forme de paternalisme colonial totalement dépassé 15. Les projets de l’administration de « civiliser » le corps après le putsch de 1961 se heurtent pourtant aux objections du commandement, qui redoute le démantèlement d’un dispositif efficace pour le maintien de l’ordre, et se refuse à laisser détacher des officiers dans un service purement civil. La décision du comité des Affaires algériennes de transformer les SAS en service civil au 1er janvier 1962, et de créer, sous le nom de centres d’aide administrative (CAA), des antennes susceptibles de prolonger l’action des SAS dans l’Algérie indépendante n’est pas appliquée. Une telle institution n’intéresse ni l’armée, ni l’administration française, et ne peut que susciter la méfiance du FLN, qui y voit une tentative déguisée de mainmise de la France. Le repli des SAS coïncide avec celui de l’armée française 16.
Conclusion
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Bon nombre d’officiers estiment que l’évolution de la politique gaullienne, jetant le doute sur la détermination du gouvernement français, a compromis la réalisation du programme des SAS, qui aurait complété les succès militaires du plan Challe. Sans rejeter a priori cette analyse, on peut se demander si, étant donné les progrès du FLN dans les villes, la consolidation de ses positions internationales, la lassitude de l’opinion française, les oppositions virulentes à la guerre, le contrôle des campagnes aurait été suffisant pour assurer une solution souhaitée par la majorité des officiers des SAS, et, avec elles, par la plus grande partie des cadres de l’armée.
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Les SAS ont sans doute souffert, de toute façon, d’avoir été considérées comme un expédient, parmi d’autres, au lieu d’un élément essentiel d’une politique. Pouvait-il en être autrement ? Depuis 1955, le gouvernement français avait cru devoir engager l’essentiel des forces de la nation dans une confrontation armée impliquant de gros bataillons. Les autorités écoutées en matière de stratégie étaient, non pas des connaisseurs de l’Afrique du Nord, du monde arabe et de l’Islam, mais des théoriciens de la guerre psychologique et de la guerre subversive. Ceux-ci fondaient avant tout leur action sur ce que le général de Gaulle a appelé « un savoir expéditif et limité », ou sur une lecture sommaire des écrits de Lénine, ou de Mao Tse-Toung. Dans ces conditions l’œuvre des SAS, essentiellement pacifique, en tout cas limitant au maximum les actions de guerre, ne pouvait guère recevoir la priorité.
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On peut reprocher aussi à l’action des SAS de n’avoir pas fait suffisamment apparaître des éléments novateurs. Il est vrai qu’il était difficile d’inscrire une action, si généreuse fût-elle, dans le refus du droit des populations à une véritable indépendance. De ce point de vue, on peut dire que l’action des SAS a été viciée par l’immobilisme. On peut rêver à ce qu’aurait pu être une véritable politique de « pacification » appuyée sur un réseau de SAS et un appareil militaire plus léger dans le cadre de la promesse précoce de l’émancipation réelle d’une Algérie liée à la France. Que cette politique n’ait pu être mise en place traduit plus, sans doute, le manque d’imagination chronique des « décideurs » que l’utopie d’un tel programme – guère plus utopique en tout cas que celui de l’ « Algérie française » ou celui de l’ « Algérie algérienne liée à la France ». On condamnait, dès lors, toute l’action généreuse des SAS à être dénoncée comme paternalisme ou comme manipulation, comme on n’a eu que trop tendance à le faire.
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On la condamnait aussi à compromettre aux côtés de la France nombre d’Algériens musulmans à qui l’échec d’une succession aberrante de politiques ne laissait d’autre chance de survie que de quitter leur pays pour devenir, paradoxalement, des « rapatriés » sur une terre étrangère. Licenciés après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, les moghaznis sont en effet victimes des mêmes représailles que l’ensemble des Algériens musulmans engagés dans le camp français.
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Beaucoup ne devront leur salut qu’aux efforts de leurs officiers pour les faire passer en France avec leurs familles, efforts très souvent entravés par les autorités, puis pour faciliter leur installation. Ces efforts méritent d’être pleinement reconnus. Comme tous les épisodes de la guerre d’Algérie, celui des SAS ne laisse pas moins un goût amer.
Jacques Frémeaux
Sorbonne, Université de Paris IV
Notes
[ 1] R. Delavignette, L’Afrique noire française et son destin, Paris, Gallimard, 1962, p. 56.
[ 2] Aimée et souffrante Algérie, Paris, Plon, 1956, p. 227.
[ 3] Extrait d’une directive du délégué général Paul Delouvrier (13 mai 1959).
[ 4] Alain Maillard de La Morandais, L’honneur est sauf, Paris, Éd. du Seuil, 1990, p. 279.
[ 5] Allocution à l’ouverture du cours de formation des officiers stagiaires, 1er octobre 1959.
[ 6] Les sentiers de la paix. Algérie, 1958-1962, Paris, Plon, 1972, p. 88.
[ 7] Lucien Ferré, Chroniques d’un sous-préfet converti à l’islam, Nanterre, Académie européenne du livre, 1992, p. 153-166.
[ 8] Paul Mus, Guerre sans visage, lettres commentées du sous-lieutenant Émile Mus, Paris, Éd. du Seuil, 1961, p. 155.
[ 9] A. Maillard de La Morandais, op. cit., p. 279.
[ 10] X. Yacono, Les Bureaux arabes et les transformations des genres de vie indigènes dans l’Ouest du Tell algérois, Paris, Larose, 1953.
[ 11] Circulaire du délégué général Paul Delouvrier, 27 juin 1959.
[ 12] Rapport de mission, 21 juillet 1957, Pierre Vidal-Naquet, La raison d’État, Paris, Éd. de Minuit, 1962, p. 182-185.
[ 13] C’est en fait la devise du célèbre « commando Georges ».
[ 14] Claude Paillat, Dossier secret de l’Algérie, Paris, Presses de la Cité, 1961, p. 449-452.
[ 15] Charles Ailleret, L’aventure atomique française, Paris, Grasset, 1968, p. 253.
[ 16] Michèle Cointet, De Gaulle et l’Algérie française, Paris, Perrin, 1995, p. 152-155.
Jacques Frémeaux, né le 9 mars 1949 à Alger (Algérie), est un professeur des Universités (Paris-IV Sorbonne) en histoire contemporaine, spécialiste de l’histoire coloniale. Parmi les ouvrages publiés par Jacques Frémeaux on trouve :
La France et l’Algérie en guerre, 1830-1870, 1954-1962, Économica, 2002.
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